Une journée de grand beau (29 avril 2010), l ‘envie de retrouver le beau granit de Chamonix après une saison de glisse, un copain à qui faire découvrir l’escalade en haute montagne. Hop, nous voilà partis à trois pour prendre la benne de l’aiguille du midi. La descente en rappel se fait tranquillou, on se croirait à la plage..Il fait tellement beau, je croise pleins de gens que je connais. C’est tellement bon de se faire caresser par le soleil à cette altitude, de sentir le début de la saison de grimpe commencer, de partager ses émotions.
Nous finissons la descente en rappel, Olivier commence l’escalade, François et moi papotons en attendant notre tour de grimper. Ca déroule, François est trop heureux de découvrir cela et moi je suis tellement heureuse d’être la! Enfin nous commençons l’escalade de « La » longueur de la voie. Je suis en second, je grimpe devant François et là l ‘instant. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe, je ressens juste un choc énorme qui me plaque contre la paroi, je ne peux rien faire je me sens juste écrasée contre le rocher. Là, je me dit :” non, pas ici, je ne vais pas finir ma vie d’alpiniste ici… ». Je ne sens plus mes jambes, Olivier me dit que j’ai une fracture à la jambe, Francçois me confirme que j’ai une fracture ouverte à la cheville droite. Moi, je sais bien que j’ai perdu mes jambes…Olivier me dira plus tard qu’il n’avait jamais vu autant de désespoir dans les yeux de quelqu’un. J’ai une terrible douleur qui m’entoure le thorax, le pghm est appelé, il ne me reste plus qu’à tenir jusqu’ à leur arrivée. Olivier descend à mon niveau, il ne peut pas faire autre chose que cela mais pour moi c’est déjà tellement énorme de le voir là, me rassurer, me soutenir. Ca me permet de tenir jusqu’à l’arrivée des secours sans perdre connaissance, il me faut lutter, je sens que je vais partir. Dès que j’entends le bruit de l’hélico, je me sens mieux , je ne sentirais pas lorsque le secouriste coupera ma corde, je me laisse aller. Je reprends conscience lorsque je suis médicalisée sous le refuge des Cosmiques, les paroles réconfortantes des secouristes me font du bien. Je les remercie au passage. Le médecin me shoote, on me monte dans l’hélico, je suis dans du coton, je vois Olivier comme dans un rêve, ça me fait du bien de sentir sa présence. Ensuite, je ne me souviens de rien, je m’endors….l ‘hélico me conduit au CHU de Grenoble.
Bilan: fracture de la colonne vertébrale en D6 D7 avec un énorme déplacement, mon scanner fait un peu froid dans le dos je l’avoue…
fracture ouverte de la cheville droite avec luxation, je ne fais pas dans la dentelle ..(Olivier m’a dit que ma cheville ressemblait à un bouquet de fleurs).
Après 2 jours de coma artificiel, je me réveille en réanimation. J’ai l’impression d’être dans un film, c’est extrêmement bizarre de se retrouver en réanimation dans le lit lorsque l’on a été infirmière en réanimation. D’abord, je ne peux pas y croire mais tous ces gens m’appellent par mon nom. C’est bien Olivier et Manu que je vois à mon chevet plusieurs fois par jour..Ensuite, il y aura d’autres amis, pas trop parce que je suis extrêmement fatiguée. J’ai mal, du coup on me met la dose d’antalgiques max, Olivier(aux petits soins) propose de me lire quelques pages de OUI-OUI (vous l’avez certainement appréciez dans votre enfance) et là je pars dans un grand délire pour quelques jours.
J’atterris, j’ai moins mal, je passe dans un service normal. Je me fais gâtée, on m’apporte des petits plats, hé oui la bouffe de l’hôpital est bien sûr infecte et il paraît que j’ai perdu 9kg.
Le médecin vient me voir et m’annonce 6mois de rééducation (gloups….) en m’assurant de retrouver l’autonomie.